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L’INSTITUTRICE[1]
L’institutrice demeura stupéfaite. Elle avait la main tendue vers la petite ; leurs yeux se rencontrèrent. L’enfant la suivit et se laissa mettre sur ses genoux.
— C’est étonnant ! dit Mme Ernest ; elle est si sauvage !
La petite regardait Sidonie et jouait avec les fleurs de son chapeau.
— Elle va vous abimer, dit encore madame Ernest. C’est une petite sotte. Mettez-la par terre, et qu’elle s’en aille. Allons, va-t’en, Rachel. — Si l’enfant était privée de tendresse, au moins possédait-elle un nom distingué. — Sidonie insista vivement pour la garder et ne l’obtint pas sans peine. Évidemment Mme Ernest était jalouse pour son favori de l’attention qu’on accordait à la petite fille ; mais celle-ci décidément semblait se trouver à l’aise sur les genoux de l’institutrice, et bien qu’elle s’obstinât encore à rester muette, son regard vif, curieux, plein de lueurs soudaines, parlait. Ce n’était qu’au repos que ses traits repro-
- ↑ Voir la République française depuis le 26 décembre.