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gentille que ça, parce que, si c’est le monsieur à la barbe blonde qui t’en empêche, le portrait sera bientôt fini.

— Je ne peux pourtant pas me jeter au cou de ce bourru, répliqua Rose sur le même ton, il ne m’a rien dit…

— Allons ! allons ! tu sais bien ce qu’il faut faire. La preuve, c’est que tu étais tout autre dimanche dernier. Il ne faut pas laisser la proie pour l’ombre, vois-tu ! On sait comment les Parisiens entendent les choses. Je ne veux pas ça. »

Il se leva ensuite, et, de son pas dandinant, il alla se placer dans le groupe qui entourait Lucien. Ce groupe s’était augmenté de quatre à cinq personnes, amies des Deschamps, qui étaient venues, ce dimanche, les visiter, et chacune à sa manière s’exclamait sur le portrait.

Les opinions ne manquaient pas d’originalité : l’un prétendait qu’il n’y avait pas de lignes comme cela sur les vraies figures ; l’autre, d’un air capable, observait qu’une des joues du portrait n’était pas si large que l’autre, et que les deux yeux non plus n’étaient pas pareils ; mais ils s’étonnaient à l’envi de voir combien pourtant cela ressemblait, et qu’il fût impossible de nier, malgré ces défauts, que c’était le portrait de Rose.

Une femme d’une cinquantaine d’années, d’un maintien composé, vêtue de noir, et dont le costume était celui d’une ouvrière des villes plutôt que d’une paysanne, prit la parole.

« Monsieur doit bien rire de ce qu’il entend, dit-elle. Je n’ai pas assez d’éducation pour donner mon