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qu’elle ne révélait pas tous les maux qu’elle éprouvait, et que, par une telle chaleur, ses bottines trop petites et un corset trop serré lui causaient de véritables tortures. On déboucha enfin en face de la ferme, et la scène qu’elles venaient chercher s’offrit aux regards des curieuses, mais avec plus d’acteurs qu’elles ne l’avaient prévu.

Rose était à sa place habituelle, sur la petite charrette où la fantaisie de Lucien l’avait placée et celui-ci, en face d’elle, achevait les derniers détails de son esquisse. Il semblait absorbé dans son travail ; mais, s’il n’eût tourné le dos aux nouveaux venus, ceux-ci l’eussent vu le sourcil froncé, les lèvres serrées, contenant une sourde colère, dont l’explication se trouvait à deux pas de là, sous la forme de Louis de Pontvigail, debout à côté du père de Rose, et qui regardait tour à tour le dessin et le modèle d’un air attentif.

« Eh bien ! enfin, voyons, comment trouvez-vous ça, monsieur Louis ? demanda Deschamps après avoir attendu en vain l’opinion du morose spectateur.

— C’est elle ! » répondit laconiquement Louis de Pontvigail.

Lucien sifflota, parut réfléchir, et se mit à changer quelque chose.

« Je me le disais aussi ; mais je suis content d’avoir votre goût. C’est singulier comme ça ressemble déjà ; oui, ma foi ! tenez… »

Deschamps s’interrompit au brusque mouvement que fit Louis de Pontvigail en s’apercevant de la présence des trois dames. Il y eut quelque chose