Page:Leo - L Ideal au village.pdf/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au sortir de table, M. Darbault emmena Lucien dans le salon :

« Ah çà ! est-ce bien vrai… ce que tu m’as dit ?… J’espère pourtant qu’il vous reste quelque chose.

— Une soixantaine de mille francs, s’il vous plaît de le savoir.

— Diable ! diable ! À chacun ?

— Non pas.

— Sapristi ! Comme cela ta sœur n’est pas plus riche que ne doivent l’être mes filles un jour ? Moi qui pensais à la marier avec le sous-préfet de l’arrondissement !

— Je ne crois pas ma sœur facile à marier, répondit Lucien dédaigneusement.

— Enfin, je n’en reviens pas ! quand je songe à votre père…

— De grâce, mon oncle, cessez de vous désoler. Je suis parfaitement résigné à faire notre fortune moi-même.

— Eh ! eh ! mon garçon, il faut du talent, bien du talent ! Autrement, la peinture, ça ne mène pas loin.

— Je vous affirme tout au moins que je me suffirai à moi-même, ainsi qu’à ma sœur. Et c’est pourquoi nous sommes venus à la campagne, afin de dépenser moins et de travailler mieux. J’espère, mon oncle, que vous allez nous donner toutes les indications nécessaires pour trouver un gîte bien situé dans les environs, car nous désirons, je vous l’ai dit, inaugurer au plus tôt notre ménage.

— Bien volontiers, mon ami ; c’est très-louable. Tu trouveras toujours en moi l’aide d’un bon pa-