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vous dépecer des pieds à la tête. Dame ! c’est comme cela.

— Alors je n’y vais pas, dit Cécile en riant. Je reste ici.

— On dira que vous vous cachez, et l’on voudra deviner pourquoi. Ce sera bien pis.

— Il faut vous montrer, dit la tante, et, si vous m’en croyez, vous montrer à votre avantage…

— Ne serait-ce que pour l’honneur de la famille, dit Cécile en riant, mais d’un rire un peu forcé. Je vais donc aller revêtir ma robe de foulard, en regrettant de n’avoir pas mieux. Mais, il faut vous le dire, j’avais cru ce fou de Lucien, qui m’avait fait des idylles sur la simplicité de la campagne et la liberté des champs.

— Bah ! tout dépend du point de vue auquel on se place, dit Lucien ; il faut se mettre à l’aise, et tant pis pour ceux qui n’en seraient pas contents. Nous devons d’ailleurs vous avouer, poursuivit-il en surmontant un peu de fausse honte, que nous ne sommes pas riches et ne pouvons prétendre, par conséquent, à éblouir personne.

— Allons donc ! s’écria l’oncle stupéfait, tandis que les figures de la tante et d’Agathe s’allongeaient, exprimant un désappointement joint à une sorte de pudique souffrance, — tu plaisantes ! Votre père a dû vous laisser une jolie fortune. Il avait une belle place, et c’était un homme rangé.

— Mais on dépense forcément selon sa position, répondit Lucien ; et puis mon père a tenu avant tout à nous donner une large éducation.