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entendu dire, il y a longtemps, que tu avais des dispositions brillantes ; mais ne serait-ce que cette ébauche que j’ai vue là-haut, je suis sûr que tu as un grand talent. C’est magistral. Seulement, il ne faut pas que cela te fasse mépriser l’amitié des petites gens comme nous, qui tenons à vous posséder le plus longtemps possible. »

Il n’y avait rien à répliquer à tant de bonne grâce, et Lucien, en protestant de ses sentiments affectueux, accepta la côtelette que sa tante lui offrait.

« Quoi ! Cécile, vous n’êtes pas encore habillée ? dit Agathe en la voyant simplement vêtue d’une robe d’alpaga noir, tandis que ces dames étaient solennellement parées de leurs plus belles robes de soie.

— Mais pensé que cette toilette suffisait, dit Cécile.

— Oh ! je croyais que vous prendriez votre jolie robe de foulard.

— Ma chère, vous connaissez parfaitement le fond de mes malles, et vous savez que c’est ma plus belle. Il faut ménager ses ressources quand on en a peu. »

Ceci renfermait quelque amertume. Cécile, il faut l’avouer, on s’en douterait, avait sa part des faiblesses de l’humaine nature. On a beau mépriser un préjugé, on souffre d’en être atteint. L’inventaire des malles de la Parisienne, indiscrètement obtenu par ses deux cousines, leur avait causé une déception évidente.

Elles comptaient sur les splendeurs de toilette