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bier l’est en plaine rase aux coups des chasseurs. Ce fut avec une curiosité pleine d’aigreur sourde qu’Agathe et Lilia s’intéressèrent aux faits et gestes de Lucien vis-à-vis de Rose, et elles complotèrent, de concert avec Cécile, d’aller le dimanche suivant, c’est-à-dire le lendemain, aux Maurières, et d’assister à la séance, qui ce jour-là devait avoir lieu dans l’après-midi.

Le dimanche est, à la campagne, le grand jour de la semaine, jour de pompes religieuses et de pompes mondaines, consacré à la messe et à la toilette, aux commérages, aux vêpres et aux visites. Ce matin-là, quand Cécile descendit pour le déjeuner, elle trouva son frère dans une conversation très-animée avec la famille Darbault.

Lucien, obéissant aux recommandations de Cécile, insistait pour qu’on l’aidât à trouver une maison où sa sœur et lui pourraient s’installer ; mais l’oncle et la tante, secondés par Agathe, prétendaient les garder encore une quinzaine de jours. On n’entendait que ces formules, répétées sur tous les tons : « Vous avez bien le temps ; — Nous causerons de cela plus tard ; » et Cécile, qui voulut se joindre à son frère, en fut étourdie et forcée au silence.

« À table ! cria M. Darbault, qui prit Lucien par les épaules et le força de s’asseoir. Mon ami, tu es un grand peintre, mais tu n’as pas le sens commun.

— Un grand peintre ! murmura Lucien, presque ému de cette flatterie.

— Oui, un grand peintre ; je le maintiens. J’ai