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vous voulez que je fasse le portrait de Mlle Rose pour l’exposition prochaine.

— Pour l’exposition ! diable ! ça serait de l’honneur pour nous. Qu’en dis-tu, Rose ?

— Je ne sais pas, dit-elle ; ce serait long, sans doute, et peut-être que M. Lucien n’aurait pas la patience de le finir. »

« Bien ! se dit Lucien, elle m’en veut. »

Il protesta tout haut de sa persévérance, et quelques moments après, tandis que Deschamps parlait à Marius d’une pêche qu’ils devaient faire ensemble, le jeune artiste, se rapprochant vivement de Rose, lui prit la main :

« Rose, je vous en prie !…

— Que voulez-vous, monsieur ?

— Que vous me rendiez un peu d’affection, Rose ; et puis… »

Il s’arrêta en s’apercevant que les autres écoutaient, ou du moins faisaient silence. La jeune fille attendit.

« Et puis, reprit-il plus bas quand la voix de Deschamps s’éleva de nouveau, que vous consentiez à me laisser faire votre portrait. »

Rose avait tourné la tête du côté de Lucien pour mieux l’entendre.

« Vous avez tort, dit-elle rapidement, de me rien demander, monsieur Lucien.

— Pourquoi ?

— Oh ! parce que ça vous est égal après.

— Je vous expliquerai tout, Rose ; ce n’est pas moi… Je n’étais alors qu’un enfant, vous le savez bien. À demain, n’est-ce pas, Rose ?