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voulut partir et montra de l’inquiétude, à cause de la nuit qui tombait, il insista pour la reconduire.

« Ce ne serait pas convenable, observa Mme Darbault, et cependant Rose a un assez mauvais chemin à passer, du bourg au village. Eh bien Marius va se mettre de la partie. Vous serez trois. »

Il en fut ainsi, bien que Rose protestât qu’elle pouvait se rendre seule. Elle demeurait dans un village à mi-côte, peu éloigné de Loubans, et le plus court chemin pour s’y rendre était de suivre un sentier pratiqué dans le coteau, sous les jardins en terrasse des maisons du bourg.

Ils s’y engagèrent. Marius, marchant le premier, se retournait sans cesse pour offrir la main à Rose, sous prétexte d’une pierre, d’une ronce ou de quelque autre achoppement, et Lucien, qui se trouvait en arrière et n’avait rien à faire que de servir d’escorte, commençait à trouver sa situation ridicule, quand une voix retentit en avant dans le chemin.

«  Qui va là ?

— Tiens, c’est vous, Deschamps ? s’écria Marius ; nous reconduisons Mlle Rose.

— Bien honnêtes, messieurs ; à présent que me voilà, vous pouvez rebrousser chemin.

— Non, Lucien, la soirée est superbe, et, si vous le permettez, monsieur Deschamps, je vais reprendre une vue des Maurières.

— À votre aise, monsieur ; mais elle ne sera pas claire. Vous ferez mieux d’y venir en plein midi.

— J’irai en plein midi, et même tous les jours, si