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III

Le lendemain, Cécile était à peine éveillée qu’Agathe entra dans sa chambre et vint familièrement s’asseoir sur le pied du lit.

Après qu’elle se fut informée si la voyageuse avait bien dormi, Agathe parla d’elle-même, de la nuit qu’elle avait passée, d’un bouton qu’elle avait au doigt, de l’araignée de la veille et de mille petites susceptibilités qui lui étaient particulières.

Elle ne pouvait souffrir les souris, ni les chenilles, ni les vers à soie.

« Comprenez-vous les gens qui élèvent de ces bêtes-là ? Savez-vous une chose ? J’aime les pêches ; eh bien, de mordre dedans, je crois que cela me ferait évanouir. Il y a des gens qui ne sont pas susceptibles, qui ne se tourmentent de rien ; je ne sais pas comment ils sont faits. Je n’aurais pas dû naître à la campagne. C’est si triste ici ! Comment ferons-nous pour vous distraire ? Vous allez vous ennuyer : il n’y a presque personne à voir. »

Elle passa alors en revue toute la bourgeoisie de Loubans et la dénigra. Ceux auxquels elle s’arrêta le plus longtemps furent les jeunes gens, et ses critiques devinrent peu à peu des retouches pleines