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Il persista dans sa prière avec une insistance si formelle, si âpre, qu’elle ne put le refuser. Mais, à partir de ce moment, le doux front de la jeune fille devint plus chargé, plus sombre, et par moments la fixité de son regard inquiéta Lucien.

Le jour du départ était arrivé. Quelque temps avant l’heure, Louis vint avec son cabriolet, qui devait conduire à la gare les voyageurs. De la fenêtre où se tenait Cécile, elle le vit entrer dans la cour, descendre, et prendre dans la voiture son carnier et son fusil, qui reluisait et semblait tout neuf. Quelque temps auparavant, elle l’avait raillé de l’habitude qu’il avait prise de porter cette arme, et depuis lors il y avait renoncé. Elle devint fort pâle, et, allant au-devant de lui :

« Quoi ! dit-elle comme il posait son fusil dans le corridor, vous reprenez déjà vos mauvaises habitudes ?

— Pardonnez-moi, répondit Louis en s’efforçant de sourire, ce sera la dernière fois, je vous le promets. »

La jeune fille, en le regardant, eut un instant d’hésitation ardente. Il semblait calme cependant. Quelqu’un survint ; elle se tut.

Vers midi, l’heure étant arrivée, Lucien, Cécile et Mariette, qui les suivait à Paris, montèrent dans le cabriolet, au fond duquel on plaça Argus. Louis, portant son fusil en bandoulière, se disposait à les suivre à pied, quand Lucien, d’un ton de colère contenue, le pria de ne pas les escorter ainsi à travers Loubans.

« Comme il vous plaira, dit Louis doucement. Je