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— Non, répondit Lucien ; du moins je ne sais. Moi, pour mon travail, je sens le besoin d’être à Paris. » Il ajouta ensuite, voulant tenter une dernière épreuve : « J’ai un autre motif que je ne dirais pas à Cécile. Ma sœur a vingt-trois ans ; il est temps qu’elle rentre dans le monde et qu’elle se marie. J’ai même quelques vues à cet égard. »

Sous ce nouveau coup, Louis se sentit comme frappé à mort. Tandis qu’au bord de l’abîme du désespoir ou de la folie, il rassemblait toute son énergie pour ne pas tomber, ou du moins pour dérober sa chute aux regards, Lucien, qui l’observait, le voyant, malgré sa pâleur, immobile et comme impassible, se dit :

« Il ne l’aime pas ! »

Cécile reparut bientôt. À force de volonté, elle se montra la même et fut presque enjouée. De son côté, Louis, tout étourdi de douleur, agit et parla comme dans un rêve. Quand il se sentit à bout de forces, il se retira.

« Vous reverra-t-on demain ? lui demanda Cécile.

— Oui ! oh oui ! répondit-il. Je viendrai tous les jours… tous ceux qui me restent désormais… Quand partez-vous ?

— Dans huit jours, » dit Lucien.

Après le départ de Louis, Cécile monta dans sa chambre, où son frère la trouva en proie à une violente douleur.

« Ah ! s’écria-t-elle, tu parles de choses vaines, et que faisons-nous ? C’est aux méchants propos d’une petite ville que j’immole tout mon bonheur… et le sien. Car il souffre le martyre, je l’ai bien vu. Je ne