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avait fini par être profondément irrité d’une telle conduite, qui lui paraissait par trop insoucieuse de la réputation de sa sœur, et dans ses moments d’humeur il déclarait Louis un monomane, à la remorque duquel les gens soucieux de leur dignité ne se pouvaient mettre.

Les bruits du dehors, auxquels, par l’entremise de Lilia, il prêtait l’oreille, l’exaspéraient. M. et Mme Darbault avaient fait aussi leurs observations et insistaient pour qu’on intimât à Louis de cesser ses visites journalières. Plusieurs fois Lucien pria sa sœur de prendre un parti, et proposa, ou de retourner à Paris, ou d’avoir avec Louis une explication ; mais Cécile opposait à ses instances une résistance opiniâtre.

Elle raillait le soin que prenaient les gens à son sujet, s’indignait de tant de tutelles, et s’étonnait que si peu de temps après la mort d’un père, et au milieu des embarras d’une succession considérable, on exigeât de Louis tant d’empressement à se marier. Au fond, elle était vivement blessée de tout ce bruit fait autour de ses sentiments les plus intimes, et le malaise qu’elle en ressentait la poussait à concevoir encore plus d’étonnement et d’impatience de la conduite de Louis vis-à-vis d’elle.

Un jour, dans le courant de janvier, poussée à bout par son frère, elle déclara enfin que si le séjour des Grolles était devenu insupportable à Lucien, elle consentait à partir ; mais qu’elle s’opposait formellement à ce qu’aucune explication fût demandée à Louis.

Cette affaire est la mienne, dit-elle en relevant