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mière force, dit Marius ; mais aussi vous ne faites que ça.

— Allons, allons ! monsieur Marius, faut pas me taquiner. Je mène aussi ma maison, et ça n’y va pas si mal. C’est une fameuse ménagère que ma femme, et mes filles sont les meilleures ouvrières du pays et, sans me vanter, les plus jolies.

— C’est vrai, répliqua Marius ; mais si vous appelez ça prendre de la peine…

— Ah ! mais en effet, dit Lucien assez gauchement. Je me rappelle vos filles… Mlle  Christine…

— Il n’y a plus que Mlle  Rose, reprit le père en lui lançant un regard sournois ; Mlle Christine est mariée.

— Ah ! fit Lucien.

— Oui, monsieur, avec un marchand d’épiceries d’à deux lieues d’ici ; nous n’avons plus que Rose à la maison. »

Ce nom de Rose sembla intimider tout le monde, car le silence se fit. Le nez baissé, Lucien et le collégien, chacun de son côté, nouaient un bout de corde. Quand la malle fut solidement attachée enfin, et que Marius offrit la main à Cécile pour monter en voiture :

« Eh bien ! messieurs et dames, dit Deschamps, au revoir. Vous serez plus vite arrivés que moi. Ma foi ! si j’avais aussi ma voiture ça m’irait. Je viens déjà des Saulées.

— Vous faites toujours la partie de M. de Pontvigail ?

— Mon Dieu, oui, monsieur, faut tenir compagnie à ses amis. Et puis, quoique je ne sois qu’un