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Quant à Lucien, il avait l’esprit bien ailleurs. Depuis la publication des bans, le dégoût le rendait malade. Il ne pouvait plus comprendre qu’il eût aimé Rose, et souffrait une douleur étrange, presque insupportable, en la trouvant encore dans son cœur. Au moins, s’efforçait-il avec énergie de l’en arracher. Il était d’une activité fébrile, et quand il ne se livrait pas au travail, ou n’était pas engagé dans quelque conversation animée avec sa sœur et Louis, il courait tantôt chez Patrice, pour lui donner une leçon, tantôt chez sa cousine, où il s’oubliait en de longues et intimes causeries.

Bien que cette amitié fût encore toute récente, les consolations de Lilia semblaient avoir pour Lucien autant d’efficacité, plus même que celles de sa sœur chérie. Était-ce l’effet des préoccupations de Cécile, qui n’avait plus son frère pour seul objet, ou toute autre cause ? Mais les manières de Lilia étaient si affectueuses, son regard si caressant et si tendre, qu’un charme pénétrant et particulier retenait Lucien auprès d’elle, et qu’auprès d’elle il ne pensait plus à son mal.

À cette époque, une nouvelle révolution d’intérieur eut lieu aux Grolles. Décidément, Doucette ne se formait pas. Bien quelle eût déposé sa crinoline, elle cassait toujours, et les saladiers venant à manquer, elle avait un jour servi la salade dans une cuvette. C’était pourtant bien à peu près la même chose, assurait-elle, et elle n’avait pu comprendre pourquoi on lui avait fait remporter ce plat avec tant de cris.

Un soir enfin, dans la chambre de Cécile, elle