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« Je crois, messieurs, que vous avez besoin d’un coup de main.

— Ah ! c’est vous, Deschamps ? dit le jeune Darbault ; ma foi oui, aidez-nous ; ce sera plus tôt fait. »

Le nom de Deschamps frappa Cécile, et elle regarda l’homme avec attention. C’était un paysan d’une cinquantaine d’années, qui avait dû être beau dans sa jeunesse. Ses traits étaient réguliers et sa physionomie intelligente, mais sans noblesse. Bien qu’il portât le costume ordinaire des paysans, blouse et pantalon de toile bleue, ses moustaches, sa barbe longue, son air insolent et flâneur, lui donnaient plutôt l’apparence d’un demi-bourgeois, ou d’un artisan en goguette.

« Ce doit être le père de Rose, » se dit Cécile en voyant l’air dont Lucien salua cet homme, qui dit aussitôt familièrement :

« Eh ! ma foi, c’est M. Lucien Marlotte. Je ne vous reconnaissais pas ; il y avait longtemps qu’on ne vous avait vu.

— Très-longtemps, père Deschamps ; mais cela ne m’a pas empêché de vous reconnaître.

— C’est que je n’ai pas grandi, moi, monsieur Lucien ; mais nous nous sommes assez vus, il y a sept ans, quand vous veniez chez moi goûter mon cassis, que nous faisions des parties de billard ensemble, chez la mère Lentu. Je vous ai gagné bien des petits verres, au moins, quoique vous ne fussiez pas un mauvais joueur.

— Ça n’est pas étonnant, car vous êtes de pre-