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de génie. Un jour, enfin, Lucien consentit à aller dîner chez Lilia, et même s’y oublia si tard qu’il était plus de onze heures quand il atteignit les Grolles. Il pensait bien que sa sœur l’attendait, et ne s’étonna pas de voir briller une lumière dans sa chambre ; mais il lui parut extraordinaire d’en voir une aussi dans la chambre de Doucette, qui se couchait de bonne heure, suivant l’habitude des gens de campagne.

« Doucette serait-elle malade ce soir ? » demanda-t-il sa sœur en l’instruisant de sa remarque.

Cécile crut devoir s’en assurer ; mais à peine eut-elle frappé à la porte de Doucette que la lumière qui perçait à travers la serrure s’éteignit, et ce fut seulement après des appels réitérés que Doucette, d’une voix chargée de sommeil, assura qu’elle dormait depuis longtemps et n’avait pas gardé de lumière.

« Il y a quelque mystère là-dessous, dit Cécile à son frère. Depuis quelques jours, Doucette va toujours s’enfermer dans sa chambre, et son ouvrage va de mal en pis. Je commence à désespérer de pouvoir faire d’elle quelque chose. »

Le mystère fut éclairci dès le lendemain dimanche. Doucette, qui devait assister à la messe, était allée s’habiller ; et sa jeune maîtresse, en l’attendant, surveillait le déjeuner, quand Doucette apparut dans l’état de toilette le plus surprenant. D’ordinaire elle portait, comme toutes les filles du pays, une jupe assez courte, coupée au-dessus de la cheville, et qui tombait droit le long des hanches, sans autre soutien que le corsage.