il faut se décider, que diable ! Voici la vendange faite et l’hiver qui vient. À quand la noce ? »
Louis était devenu pâle. En se levant, il répondit :
« Mon père, je ne me marierai point.
— Hein ! Qu’est-ce que tu dis ? Est-il fou ? Entends-tu, Gothon ? Qu’est-ce qui le prend ? Comment, morbleu ! tu ne te marieras point ! Et pourquoi ça, je vous prie ? Voyons, monsieur, il serait temps d’avoir un peu de raison pourtant. »
Et le vieillard, avec un visage enflammé, se leva aussi, et, se redressant de toute sa taille :
« Avez-vous juré de tromper toutes mes espérances jusqu’à la fin ? Non content d’être ingrat et désobéissant envers moi, voulez-vous manquer aussi à vos engagements ? Vous êtes allé déjà dans cette maison ; on compte sur votre parole.
— Je ne l’ai pas donnée, dit Louis, dont la pâleur contrastait avec le ton écarlate du visage de son père.
— Vous ne l’avez point donnée ? Votre présence en disait assez. Eh bien ! je me suis engagé, moi ; vous obéirez. Je suis las à la fin de travailler, de m’épuiser, de suer sang et eau pour un fainéant qui prend à tâche de me déplaire, de me braver, de m’insulter chez moi, où il mange mon pain à ne rien faire. Je veux…
— Ceci, dit Louis lentement, est la maison de ma mère. »
M. de Pontvigail resta un moment comme étourdi sous le coup de cette parole ; puis, se laissant