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Je suis fâché de vous contrarier ; mais, sur ce point, mes idées sont fixées.

— Là n’est pas la question que je veux traiter, quelle qu’en soit l’importance et bien que nous différions tout à fait d’avis. Vous êtes libre de vous mésallier, malgré ce qui doit en rejaillir sur notre famille ; mais, en homme d’honneur, je dois du moins vous apprendre quelle est celle que vous voulez honorer de votre nom.

— Mon cousin, s’écria Lucien irrité, je vous préviens que sur ce point je n’entends pas raillerie.

— Ni moi non plus, et c’est pourquoi je vous avertis. Rose est une fille légère, et j’ai quelque droit à l’affirmer. »

En voyant l’air fat avec lequel le collégien, sur ce dernier mot, se redressa et mit la main dans son gilet, le jeune Marlotte eut peine à retenir les soufflets qui brûlaient de s’échapper de sa main.

« Faites-moi le plaisir de vous expliquer, dit-il dédaigneusement, tandis que, tremblant de rage, en lui-même il ajoutait : Ma foi, si tu veux te battre, mon garçon, après tout, ça se pourra.

— Moi aussi, reprit Marius, les charmes de Rose m’ont ébloui, et comme vous, dès l’année dernière, j’en perdais la tête. C’est vous, mon cousin, qui m’avez guéri. En voyant avec quelle facilité l’ingrate m’a abandonné… Mais l’année dernière elle m’aimait, et si j’eusse été moins jeune, moins respectueux peut-être… Mais je l’adorais. Sa tendre rougeur, ses baisers… et tenez, voici une bague en cheveux qu’elle a bien voulu me laisser prendre à son doigt, les vacances précédentes, quand je la quittai désolé. »