Page:Leo - L Ideal au village.pdf/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment où il t’a dit qu’il n’aimait pas Rose, c’est qu’il ne l’aime pas et que son parti à cet égard est irrévocable. »

En même temps, elle tendit la main à Louis. Il balbutia :

« Merci ! oh ! merci ! vous me comprenez bien.

— Je le crois, dit affectueusement la jeune fille ; entre amis c’est tout naturel. Maintenant, monsieur Louis, au revoir !

— Vous partez ?

— Sans doute : il est tard.

— Ah ! dit-il, cette nuit est si belle ! »

Et, s’adressant à Lucien, il ajouta :

« Demain, monsieur, tout le monde aux Saulées et aux Maurières saura que je renonce absolument à épouser Rose, je vous le promets. »

Quand le frère et la sœur se furent éloignés, Louis revint s’asseoir à la place où il se trouvait auparavant, et d’où il lui semblait voir encore Cécile assise en face de lui sur le tronc du hêtre, blanche au milieu de l’ombre et drapée dans son châle, comme une vierge antique. Oh ! que toute cette nature qui l’avait entourée était belle, vivante ! Ces troncs blancs et gris des hêtres, avec leur feuillage agité par le vent du soir, ces plantes, ces mousses, comme tout cela était doux et intime au cœur de Louis ! Le vent caressait son front ; les étoiles avaient pour lui des scintillements ; l’herbe qu’elle avait foulée se relevait avec des chuchotements mystérieux ; il ne s’était jamais senti si bien au milieu des choses, et se trouvait tout surpris d’être heureux.