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science ; car il ne demandait qu’à croire : on le sentait bien. Ah ! si elle pouvait lui rendre un peu de paix, de confiance, de bonheur ! Un peu, non ; il lui fallait tout ou rien.

C’était le dernier coup dont il devait mourir, en maudissant la vie, qui, du commencement à la fin, n’aurait été pour lui qu’une torture, ou bien c’était l’oubli de tous ses maux passés, un bonheur immense. Ne sachant que se répondre à elle-même en face d’un tel choix, Cécile se prit à pleurer ; puis, comme il arrive toujours dans un embarras dont on ne sait comment sortir, elle chercha des moyens termes.

Après tout, que savait-elle ? C’était une âme si exaltée, celle de Louis de Pontvigail, que, sous sa plume, l’amitié pouvait ressembler à l’amour. Était-il possible d’ailleurs qu’il pensât à épouser Cécile ? Non, assurément. La question ainsi posée, la jeune fille se sentit rassurée tout à coup. Non ; pauvre et persécuté comme il l’était, Louis n’offrirait jamais à Cécile de partager son malheur.

Cela renvoyait toute solution à un temps indéterminé, et Cécile n’en demanda pas davantage. L’encourager, l’aimer, le consoler, elle le voulait bien, de tout son cœur. Toutefois, elle était encore un peu inquiète, un peu craintive, à l’égard de cette âme ardente, où elle pressentait des profondeurs inconnues, peut-être des élans redoutables ; mais quelle femme au cœur généreux, si l’on dépose sur ses genoux un nourrisson contrefait et souffreteux, ne trouvera dans ces disgrâces motif de l’aimer davantage ? Cécile fit ainsi.