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distingué, dit Lucien en étouffant un bâillement ; mais il reste bien tard ! »

Cécile ne répondit pas.

Le fait est que le pauvre amoureux de Rose avait bien d’autres pensées que la révolution française. Depuis quelques jours Deschamps le recevait mal, et Rose ne pouvait cacher sa tristesse.

Pendant ce temps, à Loubans, tous les cœurs battaient d’émotion dans l’attente de l’arrivée du sous-préfet. On n’était plus qu’à deux jours de la fête.

Agathe, maintenant, raffolait de joie. Elle avait une robe de soie rose, garnie de tulle, qui, par les soins de sa cousine, lui allait au mieux. Cécile avait en outre fourni la coiffure, la ceinture, les gants, le tout venant de Paris. Agathe ne doutait pas qu’elle ne fût la reine du bal et comptait bien charmer deux ou trois maris, qui sait ? le héros même de la fête peut-être ! Malheureusement, elle étudiait un morceau.

Lilia, de son côté, avait tant boudé le pauvre docteur que celui-ci s’était décidé à faire rentrer des créances et que sa femme avait pu se composer une toilette des plus romantiques, avec une coiffure en roseaux, pareille à celle qu’avait approuvée Lucien. Lilia prenait part naturellement aux apprêts que faisaient sa mère et sa sœur, et il y avait à ce sujet des discussions journalières dans la famille. Mais nous ne saurions ni décrire ni approfondir tout ce qui se fit et se dit à ce propos, car il y en eut du soir au matin, pendant quinze jours tout entiers.

Peu disposés à se mettre en frais pour une soirée