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Elle marcha jusqu’au bout de l’avenue et revint sans avoir rencontré Lucien ; mais, en approchant de la maison, elle l’aperçut qui sortait des grands bois et s’en revenait à petits pas, les mains derrière le dos et la tête baissée.

« Eh bien ? lui dit-elle en l’abordant.

— Eh bien quoi ? me voilà, répondit-il d’un ton quelque peu maussade.

— Tu es resté bien longtemps absent ce matin ? Rose n’était pas en journée ?

— Si. Je me suis beaucoup promené, voilà tout.

— Voilà tout ? répéta-t-elle en le regardant.

— Mais, oui. Qu’est-ce que tu veux ?… Ah ! je sais… je t’avais promis de lui dire… Eh bien ! tout s’est passé comme je te l’avais annoncé, parbleu ! Elle m’aime et me préfère, que je sois riche ou non. Pour moi, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. »

Pourquoi donc était-il si maussade et si assombri ? Cécile n’osa pas le lui demander, mais elle devina que les choses ne s’étaient pas tout à fait passées comme Lucien s’y attendait.

La belle Rose, en effet, en apprenant que son amant était sans fortune, n’avait pu cacher son désappointement et son chagrin. Même, au premier moment, son trouble avait été si grand que Lucien s’était cru trahi. Elle aussi, comme Arsène, s’était écriée d’un ton de colère : « Vous auriez dû me dire cela plus tôt ! » Lui, triste à en mourir, il avait répondu par cette simple excuse : « Je n’y avais pas songé. »

Cependant, en voyant si pâle et si malheureux devant elle ce beau jeune homme qu’elle aimait, l’a-