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Lilia n’avait entendu que le premier mot ; elle rougit.

« Ma foi ! oui, ce n’est pas mal, dit M. Darbault, et cette coiffure a, en outre, un grand mérite, elle est simple et ne coûte pas cher. Si les femmes avaient l’esprit de se contenter de pareilles choses, les pères et les maris auraient un peu plus de paix en ce monde.

— Ce ne sont pas les femmes qui dépensent le plus, dit Agathe d’un ton amer, et, quand surtout on ne leur accorde rien, il est bien étonnant qu’on leur fasse encore des reproches.

— Voilà, dit M. Darbault, une observation très-déplacée et qui prouve que le goût de la toilette chez les demoiselles peut aller jusqu’au manque de respect envers leurs parents.

— Si je manque de respect, dit Agathe, c’est parce qu’on manque de justice… »

Mais ces derniers mots s’éteignirent dans les sanglots, et, se levant tout éplorée, Agathe s’enfuit dans le bois.

Cette scène affecta diversement les membres de l’assemblée. M. Darbault poussa du pied, en jurant, une pierre qui tomba dans l’eau en éclaboussant Lilia. Celle-ci se plaignit avec assez de mauvaise humeur, et Mme Darbault dit que sans doute Agathe avait tort, mais qu’en effet ce n’était pas elle qui faisait le plus de dépense et qu’elle avait bien droit à quelque plaisir. Arthur se montra fort scandalisé de la conduite de sa sœur, et Marius, d’un air de dédain, murmura le mot : chiffons.

« Sur ma parole, on me fera tourner l’esprit ! »