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VI

Une quinzaine de jours après cette aventure, Lucien et Cécile, installés aux Grolles, goûtaient la joie de se retrouver seuls dans la liberté de leurs allures et de leur fraternelle et douce intimité. Leurs arrangements domestiques et le soin d’embellir et de rendre commode leur nouveau foyer les préoccupaient vivement, comme toute création qui nous est propre ; mais Lucien cependant avait de grandes distractions. Il était absorbé, songeur ; il cherchait la solitude ; puis il lui prenait tout à coup des bouffées de tendresse et de gaieté pendant lesquelles il étouffait sa sœur de caresses et déployait une activité merveilleuse. Le portrait de Rose durait toujours et menaçait de ne point finir, bien que Lucien y travaillât encore chaque jour dans son atelier, après les matinales séances des Maurières.

Quand Cécile pénétrait chez son frère, elle le trouvait toujours, le pinceau à la main, devant sa toile, tantôt la contemplant avec une joie passionnée, tantôt avec un découragement profond, mais y