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virent de nouveau paraître Louis de Pontvigail. Son expression n’était plus la même.

Il était maintenant sombre et abattu comme à l’ordinaire, et ce fut surtout en s’adressant à Mme Delfons et à Agathe qu’il pria ces dames d’accepter sa voiture pour retourner à Loubans. Non sans confusion, elles y consentirent. Il n’y avait que trois places dans cette voiture, vieux cabriolet mal tenu dont se servait pour aller aux foires et aux marchés M. de Pontvigail père, et il fallut prendre Jeanne sur les genoux.

Quant à Louis de Pontvigail, il se mit à marcher devant le cheval, qui le suivit. La pluie, quoique moins forte, ne cessait pas. Répondant à peine aux excuses que lui adressaient les dames, le taciturne conducteur, impassible et la tête baissée, ne s’arrêtait que pour prendre dans les passages difficiles la bride du cheval. Son chien, Argus, qui faisait aussi partie de la troupe, allait croisant le chemin, quêtant, et çà et là faisant partir d’une feuillée quelque oiseau mouillé.

L’effet que produisit l’entrée de ces dames à Loubans, dans la voiture des Saulées et sous la conduite de Louis de Pontvigail, dépassa le rêve d’Agathe. Quand on fut arrivé devant la maison de M. Darbault, sans accueillir autrement que par un refus l’invitation de Lilia et d’Agathe, qui le pressaient d’entrer, sans répondre autrement que par un regard ému aux remercîments de Cécile, Louis monta dans la voiture et reprit au grand trot la route des Saulées.