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dant, une secrète satisfaction de soi, qui n’abandonne jamais les mauvaises causes, relevait quelque peu leur esprit abattu, et se marqua bientôt par cette phrase d’Agathe, accompagnée d’un sourire ironique.

« Te serais-tu imaginé une Parisienne comme cela ? Et moi qui supposais qu’elle allait éblouir le pays de ses toilettes.

— Non, répondit Lilia, je me la figurais tout autrement. Après tout, c’est peut-être le genre à Paris d’être excentrique. Mais cela m’ennuie, je l’avoue, à cause du monde. As-tu vu l’air de Mme Coquendron ?

— Je n’ai pas même osé regarder de son côté ; j’avais bien assez de la mine des demoiselles Mativat, qui étaient à leur fenêtre et qui se sont toutes regardées. Je l’avais dit pourtant à Cécile : « Ma chère, ce chapeau-là est bon pour le jardin, mais non pour traverser la ville. » Elle s’est mise à rire et m’a répondu : « On croira que c’est la mode ; et d’ailleurs je vais être une habitante des bois. »

— Lui as-tu parlé de nouveau de faire des visites ?

— Oh ! plusieurs fois déjà, et ma mère aussi ; mais elle refuse nettement. Ces dames nous en voudront et vont trouver cela bien extraordinaire, car elles ne se dispensent point, elles, de nous amener leurs hôtes. Cécile manque en ceci d’égards pour nous. Et puis elle s’affiche ; c’est désagréable.

— Elle prétend que les visites l’ennuient, et que cela aurait en outre pour résultat de l’obliger à des frais de toilette.