Page:Leo - L Ideal au village.pdf/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un chêne épais, puis on se remit en marche.

Cécile, donnant la main à la petite Jeanne, allait en avant. Elle était vêtue d’une robe de toile presque blanche et largement échancrée, sa taille flexible était à peine soutenue par un corset d’enfant ; elle avait pris pour cette course des bottines larges, en coutil gris, et s’abritait le visage sous les ailes d’un large chapeau de paille blanche.

Quant aux deux habitantes de Loubans, elles étaient loin d’un tel sans-façon, pardonnable tout au plus à une Parisienne. Elles en étaient même choquées, tout au moins Agathe ; et si, plus aventureuse, Lilia secrètement admirait sa cousine et l’eût imitée volontiers, elle n’en avait pas moins éprouvé quelque honte à traverser la grande rue de la ville avec Cécile, sous les yeux effarés, courroucés même, des dames de la société.

Les deux sœurs portaient des chapeaux tout autrement convenables, des petits chapeaux bourrés de rubans, qui ne couvraient en rien le visage, mais qui en revanche concentraient la chaleur autour des oreilles et du menton. Elles avaient mis des mantelets de soie noire, propres à attirer les rayons du soleil, et braquaient chacune, du côté de l’astre, une ombrelle microscopique.

Agathe, en outre, subissait comme à l’ordinaire la torture du brodequin, et tandis que Cécile marchait devant elles en secondant les bonds enfantins de la petite Jeanne, elles se traînaient à côté l’une de l’autre d’un air piteux et souffrant, qui donnait à comprendre combien les excursions champêtres devaient avoir pour elles peu de charme. Cepen-