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jurant qu’il le forcerait à se marier, ou qu’il se choisirait plutôt d’autres héritiers, tandis que Gothon allait et venait dans la cuisine, tantôt jetant dans le feu quelques sarments, tantôt attisant la colère de son maître par quelque parole.

Aussitôt le bail conclu, Lucien était parti pour Paris afin d’en rapporter les meubles nécessaires, et Cécile ne s’occupa plus que de trouver une bonne convenable. Mais déjà Mme Arsène s’était emparée de cette recherche avec un zèle extraordinaire, et il ne se passait pas de jour qu’elle ne vînt une fois ou deux chez Mme Darbault apporter les indications recueillies sur telle ou telle.

Malheureusement, il y avait là, comme en toute chose de ce monde, l’ombre et la lumière, le pour et le contre, des si et des mais. Chacun sait bien que la recherche d’une bonne est, en d’autres termes, la recherche de la perfection, et que, s’il faut souvent se contenter à moins, on ne désire pas autre chose.

Mme Arsène eût presque voulu davantage, tant elle avait à cœur de rendre service à Cécile et à son frère, pour lesquels elle professait une admiration enthousiaste, une affection décidée. Aussi, chaque aspirante était-elle examinée si soigneusement qu’on découvrait toujours en elle quelque défaut, par quoi toutes ses bonnes qualités étaient effacées, de sorte qu’à la fin tous les débats aboutissaient à cette conclusion, que la perfection n’est pas de ce monde ; conclusion peu neuve mais qui n’en est pas moins triste quand il est nécessaire de choisir.

Choisir sans l’illusion du bien et du beau n’est