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ton bourru. Je ne m’occupe pas tant des belles filles, moi, et vous feriez mieux de faire de même.

— Eh ! eh ! vas-tu me chercher querelle pour celle-là ? Ce n’est pas la peine.

— Non, pas pour celle-là ; mais je sais ce que je veux dire, et que, si vous continuez à ennuyer la Mariette, elle s’en ira, puisqu’elle me l’a dit. »

Pour toute réponse, le vieillard se mit à rire et Gothon poursuivit sur le même ton :

« Vous ne pourriez donc pas me laisser une bonne chambrière quand il m’en tombe une par hasard ? Mais vous ne songez guère à ma peine, quand tout roule sur moi, avec vos drôlesses et vos fainéantes. À l’âge où vous voilà, ne devriez-vous pas avoir honte ? Et croyez-vous que ma nièce verra tout ça de bon œil quand elle sera devenue votre belle-fille ?

— Oui, oui, dit M. de Pontvigail en ricanant, je lui conseille de faire la renchérie pour un pareil mariage.

— Un pareil mariage ! il y en a d’autres que celui-là, et s’il manque elle ne sera pas en peine ; le blondin qui sort d’ici, je le sais, lui fait la cour. Dame ! votre fils ne lui ressemble guère, à ce monsieur-là. Eh bien ! rappelez-vous que si votre Louis n’épouse pas Rose, vous ne le marierez jamais. C’est la seule qu’il ait consenti à voir, vous le savez bien ; aussi, ce mariage-là manqué, vous pouvez renoncer à être grand-père et vous attendre à ce que votre fils dissipera tout après vous. »

Cette menace parut affecter péniblement le vieillard, et il recommença à se plaindre de son fils,