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« Nous préférons louer, répondit Lucien.

— Après tout, ça ne me regarde pas. Mais alors vous y mettriez des meubles ? Moi je n’en ai pas. N’est-ce pas, Gothon ? nous n’avons pas de meubles assez beaux pour cette jolie demoiselle.

— Nous ferons venir nos meubles, dit Cécile, et notre intention serait aussi de faire poser des papiers.

— Des papiers !… des papiers !… s’écria M. de Pontvigail. Voilà bien la jeunesse et les gens de Paris ! Entends-tu, Gothon ? Ils veulent faire poser des papiers sur des murailles qui ne leur appartiennent pas. Et qu’est-ce que vous en feriez ensuite de vos papiers ? Vous voudriez sans doute les emporter, et vous me laisseriez mes murailles tachées »

Cécile ne put réprimer complètement une envie de rire, dont l’impression passa sur son fin visage comme un souffle de vent sur l’eau.

« Ah ! vous riez, ma belle demoiselle ? Mais, ça m’obligerait à blanchir ensuite, moi. Il n’y a pas de petites dépenses. Vous ne savez pas toutes celles que j’ai eu à supporter, car il n’y a rien si coûteux que d’être riche. Tout le monde tombe sur vous alors, et, depuis le mendiant jusqu’aux gens du gouvernement, on ne songe qu’à vous dévorer. Eh ! la, la, la ! Enfin, on pourrait mettre sur l’acte que vous laisserez les papiers ; voyez si ça vous convient. »

Ce point ayant été concédé sans difficulté, on passa à la discussion du prix, à laquelle Gothon se mêla, avec non moins d’âpreté que son maître.