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billot, et parmi toutes les influences — énervantes pour les lâches peut-être, mais sublimes pour les forts — des beaux soirs d’été. Leurs mains étaient réunies, parfois sans doute un baiser s’échangeait ; mais leurs cœurs ne s’en élançaient qu’avec plus de force vers ce doux avenir de devoir et d’amour qu’ils rêvaient ensemble.

Un soir, Jacques ne vint pas, Suzanne, agitée, dévora sa peine ; mais, le lendemain matin, je la trouvais tout en larmes et elle me disait : « Maman, peut-être il est malade. »

Ne voulant point qu’on la vit entrer dans l’école, j’y allai moi-même, à l’heure de la récréation. Tandis que les enfants jouaient parmi les ruines du château, Jacques était adossé contre le platane, les bras croisés, le menton sur la poitrine, morne, comme sous le poids d’un malheur. Il s’empressa d’aller me chercher un siége, et voulut causer des riens ordinaires qui défrayent les rencontres de la plupart des êtres humains,