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l’habitude d’écarter les importuns à ces heures-là ; c’est le moment d’ailleurs où chacun de son côté mange ou cuisine chez soi. Mais le curé Babillot s’attarde partout et n’a point d’heure fixe ; il vint donc souvent, le soir, de l’école chez nous demander Jacques. Celui-ci, bien vite, sautait par la fenêtre dans le jardin, quand Suzanne et lui ne s’y trouvaient pas déjà, au bras l’un de l’autre, causant tout bas, et enveloppant d’ombres et de mystères leur chaste amour.

Quand il ne les voyait ni l’un ni l’autre, le curé demandait avec insistance où était Suzanne. Il me dit une fois :

— Je m’étonne, madame Vaillant, que vous laissiez une jeune fille se promener comme cela le soir, dans un jardin, au milieu des émanations des fleurs. C’est dangereux ; cela donne de mauvaises pensées.

J’avoue que je fus indignée, et je lui dis vivement que l’esprit d’un prêtre ne devrait jamais se permettre de toucher à l’âme