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— Ma voisine ! où donc êtes-vous ?

Nous nous hâtions de descendre ; mais, la seconde fois, madame Bonafort nous dit d’un ton soupçonneux :

— Ah ça ! que faites-vous là-haut ?

Aussi prîmes-nous l’habitude d’aller passer les après-midi, avec nos livres et nos cahiers, sur le banc de rosiers, sous le vieux mur. Il y avait là une table rustique, et comme c’était au fond du jardin, nous avions le temps de cacher dans les feuillages ce qui aurait pu nous trahir, ne gardant à la main qu’un seul livre de lecture.

Malgré toutes ces précautions, on sut quelque temps après que Suzanne allait se faire recevoir institutrice et de plus épouser l’instituteur. Comment un secret si bien gardé avait-il pu nous échapper ? Suzanne ne l’avait pas même dit à sa mère !

Ces propos, nous ne les apprîmes d’ailleurs que plus tard. Nous nous aperçûmes seulement à certaines froideurs qu’il y avait quelque chose ; puis, de facile qu’il était, le