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secret de nos projets jusqu’au moment de les accomplir.

Ce n’était pas chose facile, le droit à la vie privée n’étant pas reconnu chez nous. Vous ne sauriez croire, madame, à quelles obsessions on est exposé dans nos petites localités. Aucune réserve, nulle porte close ; se renfermer chez soi, même dans la plus grande douleur, même au milieu des plus vives souffrances, passerait pour une insulte à la compatissance des bonnes gens, et, pour tout dire, mortifierait trop fortement leur curiosité. Vos voisins ont droit à tous les détails de votre existence ; ils doivent aller et venir chez vous à leur convenance, et toute réserve apparente deviendrait l’objet de conjectures fâcheuses, attendu que les honnêtes gens, disent-ils, n’ont rien à cacher.

Nous ne pouvions pourtant pas nous dénoncer d’avance à l’opposition de la coterie, qui eût jeté les hauts cris de cette concurrence future à l’école des sœurs. Il fallait