Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est une bande de terrain qui s’étend jusqu’à la rivière, et n’est séparé de celui de l’instituteur que par un mur en pierres sèches, à hauteur d’appui. Ils se voyaient là, de loin, tout en affectant d’être bien occupés, chacun pour sa part, d’arracher quelque légume, ou d’émousser quelque espalier. Suzanne, qui autrefois se levait dès l’aube pour laver le linge, avait maintenant cent prétextes pour remettre au soir. Jacques, au bruit du battoir, venait, une ligne à la main, et s’appuyant au mur de séparation, la jetait dans l’eau ; les petits poissons butinent autour des laveuses. Mais Jacques ne regardait que le cou blanc de Suzanne, débarrassée de son fichu, et ses bras ronds, sur lesquels les gouttes d’eau fuyaient en roulant. Et parfois, la malicieuse, voyant le poisson emporter la ligne, riait aux éclats, bien qu’elle aussi n’eût guère l’esprit à ce qu’elle faisait.

Un soir qu’ils remontaient ensemble, chacun de son côté, le long du mur, Jac-