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fut portée là par les vents de 91, élève sa tête de plusieurs pieds au-dessus de notre mur, et étendait alors ses branches sur notre jardin. Que de suppositions méchantes se sont accrochées aux branches de ce bel arbre ! À voir de la fenêtre son tronc lisse et vigoureux, je me dis que, si les végétaux pensaient, ils mépriseraient les hommes.

Jacques m’a juré pourtant n’avoir jamais monté dans ce platane, même pendant le jour, quand il entendait dans le jardin la voix de Suzanne. Moins naïf qu’elle, il se livrait peu, et je fus longtemps à craindre que son sentiment fût moins décidé que celui de la jeune fille. Il ne venait guère nous voir qu’une fois par semaine et causait surtout avec mon mari. Cependant lui et Suzanne s’entendaient longtemps avant de s’être parlé, et je m’aperçus bientôt que la fillette avait toujours quelque affaire au jardin bas, vers quatre heures, après la sortie de l’école.

Ce jardin bas, de l’autre côté du chemin,