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prenait un caractère de ferveur que je ne lui avais pas vu encore.

Il faut dire que, cette année, la voix de Jacques Galéron donnait à la cérémonie un charme nouveau. Non-seulement cette voix est forte et étendue ; mais elle a surtout un timbre pénétrant de douceur et de rêverie ; et soit qu’elle se plongeât dans les ineffables tristesses du Miserere, soit qu’elle éclatât en actions de grâces, on sentait, en l’écoutant, l’impression d’une âme jeune, poétique et pieuse. Jacques chantait en outre des cantiques nouveaux, romantiques d’airs et de paroles, qu’on entendait pour la première fois à la Roche-Néré, et qui nous apportaient dans le sanctuaire comme un parfum d’ivresses mondaines.

Ma fillette s’en revenait aussi languissante qu’elle était gaie en montant. Parfois elle se montrait impatiente ; un rien la faisait pleurer. Un jour, nous rencontrâmes l’instituteur ; elle rougit beaucoup. Cependant je la vis lui parler ensuite avec assez d’aisance