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heures, quand la voix des cloches retentissait dans l’air, Suzanne et moi, nous grimpions le coteau que domine l’église, par un chemin escarpé, bordé de haies. Suzanne montait en courant, puis s’arrêtait en haut, rouge, haletante, me souriant de loin et jetant des regards charmés sur la campagne qui s’étendait au-dessous d’elle, toute verte, parsemée de bouquets blancs. Je la rejoignais ; ses yeux brillants et humides me faisaient rêver ; le printemps éclatait en elle comme dans la nature. Çà et là, elle se précipitait avec un petit cri de joie sur quelque primevère ou quelque violette, enfouies sous la haie parmi la mousse, ou dans les longues herbes sèches laissées par l’hiver ; ou bien elle butinait de blanches fleurs d’épine qui venaient d’éclore, souriantes, sur un rameau noir. Cependant elle avait hâte d’arriver dans l’église, où je la voyais se jeter à genoux, toute frémissante ; et quand elle relevait ensuite la tête vers l’autel, sa physionomie