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moi seule, et l’enfant restait là, rouge et embarrassée, n’osant s’asseoir ni se retirer.

Ne croyez pas, madame, qu’elle visât à conquérir aucun droit dans cette société ; elle serait allée sans peine à la cuisine, si je l’eusse permis. Peut-être même l’ai-je fait souffrir autant par mes exigences pour elle que les autres par leurs dédains ; mais enfin j’en avais fait ma compagne, ma fille : je la savais supérieure à ceux qui la dédaignaient, et je ne pouvais souffrir qu’on humiliât en elle, en même temps que mon choix, les distinctions les plus vraies.

Je l’avais déclaré : il fallait nous accepter ou nous rejeter ensemble. On prit le premier parti, mais de mauvaise grâce ; et ce fut une petite guerre sourde, à laquelle Suzanne se résigna pour l’amour de moi. Muette, assise dans un coin, ma pauvre Cendrillon ne sortait de son immobilité que pour s’empresser, à l’occasion, de rendre quelque service à ses malveillantes hôtesses. Je me rappelle son attitude pendant la pre-