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pauvre enfant fut celle-ci : « Mère, tu garderas Suzanne avec toi. »

Nous décidâmes en effet les Meslin, qui ont beaucoup d’enfants, à nous confier Suzanne ; mais ce fut naturellement à la condition d’un gage, et comme nous ne sommes pas riches et que l’éducation de notre fils nous coûte beaucoup, je ne pris pas d’autre bonne. Elle était habituée aux travaux du ménage, et même à d’autres plus rudes ; ce ne fut point une peine pour elle, mais seulement pour moi, qui aurais voulu l’adopter entièrement et la traiter mieux.

Il en résulta que sa situation chez moi fut un peu équivoque, et en quelque sorte double. Je m’arrangeai avec une voisine pour lui épargner les travaux les plus pénibles ; je partageais la plupart des autres, et, dans ses intervalles de loisir, assise auprès de moi dans notre petit salon, elle devenait ma compagne, ou plutôt ma fille. Je m’occupais de son instruction, je développais ses idées, je formais ses manières…