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Deux enfants nous sont nés : Alphonse, qui étudie la médecine à Paris, et Caroline, maintenant l’éternelle absente…

Ma chère fille avait en grande amitié sa sœur de lait, Suzanne Meslin, fille d’une fermière de ce pays, à laquelle, atteinte d’une longue et grave maladie, j’avais été forcée de confier mon enfant. Caroline n’avait pas de plus grand bonheur, ses devoirs faits, que de courir à la ferme et d’en ramener sa chère Suzanne. Elles passaient ensemble le dimanche à la maison ; il me semblait presque dans ce temps-là que j’avais deux filles.

Quand elles arrivèrent à l’adolescence, leur amitié ne fit qu’augmenter. Je les vois encore se promenant entrelacées dans le jardin, leurs deux têtes penchées l’une vers l’autre avec un air de mystère, comme si elles se faisaient des confidences, ou plutôt se communiquaient de naïfs étonnements.

Suzanne a failli mourir de la perte de son amie, et l’une des dernières paroles de ma