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L’amour chaste et contenu de Lucie pour le paysan Michel fait tout le fond de ce drame poignant. Le difficile était de rapprocher ces deux êtres séparés par les convenances sociales, égaux par l’esprit autant que par le cœur. Quel art il a fallu à l’auteur pour faire franchir cette distance au lecteur et le conduire à accepter une situation qu’il ne peut se défendre de trouver très-simple et très-naturelle ! Que d’obstacles à vaincre ! Quelle lutte honnête et loyale avec les entrainements les plus vifs, avec les bienséances, avec les préjugés, avec la malignité, avant d’arriver au dénoûment !

Lucie et Michel ne sont pas les deux seuls personnages intéressants du roman. Il y a là dix ou douze physionomies tracées de main de maître ; et si nous avions un reproche à adresser à l’auteur, ce serait d’avoir tellement élargi son cadre pour y faire entrer tous les caractères qu’il a voulu peindre, que son livre se trouve un peu long, peut-être d’une soixantaine de pages. Lesquelles faudrait-il retirer ? Je ne saurais le dire et je regretterais sans doute ces pages de moins ; mais l’œuvre y gagnerait certainement, si le lecteur devait y perdre.

La Vieille Fille a le défaut contraire, L’ouvrage est écourté. Il y a excès de sobriété. Un seul personnage est dessiné en pied, des autres nous n’avons que des profils charmants ; mais c’est toujours la même ampleur que dans le Mariage scandaleux, du sentiment descriptif. Il y a là deux ou trois tableaux