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C’était la seule distraction du père Galéron, fort chagrin de la situation de ses enfants. Il répétait souvent qu’il avait grand souci de leur voir une tâche si pénible, et qu’il souffrirait de mourir les laissant ainsi.

Le vieux Galéron n’avait pas été sans chercher le moyen d’arracher son fils au pouvoir arbitraire dont il était victime. Ne pouvant croire que tout moyen de réagir et de se défendre leur eût été refusé, il s’était mis à étudier la loi sur l’instruction publique, et cette étude l’avait si bien absorbé qu’il en avait oublié pendant trois jours la route du café d’Alger, et que son ami, venant voir s’il était malade, l’avait trouvé assis à l’ombre de son platane, et penché sur le Dictionnaire des actes administratifs, recueil à l’usage des communes. L’Africain avait trouvé cela drôle ; aucun Français n’étant censé ignorer la loi, nul ne s’avise de l’apprendre. Ce fut un thème à plaisanteries pour cet homme, qui a le rire gros et la parole lourde.