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misérable manœuvre ! va donc ! tu n’es ni un homme ni un citoyen !

Il partit sombre, exalté, en repoussant sa femme qui voulait l’apaiser et qui passa cette journée dans les larmes.

— Ah ! maman, disait-elle, j’ai eu tort de l’empêcher d’être soldat : il souffre trop !

Jacques revint le soir, harassé, mais abattu bien davantage.

Je le vois encore sur sa chaise, au coin de la cheminée, pleurant de grosses larmes dans ses mains fermées, tandis que Suzanne, pleurant aussi, préparait le souper.

Dans ce temps-là revint à la Roche-Néré un soldat qui avait fait les guerres d’Afrique avec le vieux Galéron. Il s’y était réengagé deux fois. C’était un homme de quarante à quarante-cinq ans, qui se maria tout de suite dans le pays, et ouvrit un café sous le titre de Café d’Alger.

Un camarade de campagnes pour le vieux Galéron, ce fut une joie ! Il en causait bien de ses campagnes, et même beaucoup, avec