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— C’est ce que je pensais, répliqua l’autre.

Certes, les intentions de M. Alfénor n’étaient pas bonnes, et Suzanne s’en doutait, à le voir tourner autour d’elle comme il faisait depuis son mariage. Aussi était-elle contrainte et sérieuse. Il s’en aperçut, et pour ménager le retour sans doute, il se borna à quelques compliments et fit l’aimable et le bon garçon.

Le soir, en revanche, il fut plus hardi ; mais Suzanne le traita si sévèrement, avec tant d’indignation, qu’il perdit tout espoir et fit des menaces. Il a passé en effet dans le camp de nos ennemis. Quelle preuve plus évidente de l’innocence de Suzanne !

Mais tenez, madame, ce qu’il y a de plus irritant, c’est que cette innocence même doive être discutée ; c’est que la pureté d’une chaste enfant soit souillée, par cela seul qu’elle vit à côté de vieilles et sales imaginations ; c’est que tout ce que nous avons de beau et de grand en ce monde soit abaissé par le mal jusqu’à son niveau, et se