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nous en étions toujours à deviner qui avait pu nous trahir.

Un jeudi, vers deux heures de l’après-midi, nous étions tous au jardin. Mon mari, qui ce jour-là par exception n’avait pas de malade à visiter, assis à l’ombre d’un figuier, un livre à la main, me regardait émonder nos rosiers près de la maison. Un vent frais tempérait la chaleur ; les feuilles agitées produisaient mille jeux d’ombre et de lumière ; c’était une belle journée. Nos amoureux, s’écartant de nous, sous prétexte de repasser la syntaxe, ne s’étaient arrêtés qu’à l’endroit le plus reculé du jardin, au banc des rosiers, le long du vieux mur de l’ancien château. Là, sans plus craindre les paternelles railleries de M. Vaillant, ils s’étaient assis tout près l’un de l’autre, se regardant à l’aise et se serrant les mains.

Voici leur conversation telle que Suzanne me l’a racontée :

Jacques se plaignait de tracasseries nouvelles. C’était à sa moustache qu’on en vou-