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cet argent sans donner quelque gage. Suzanne, la première, eut l’idée d’offrir à M. Granger ma chaîne de montre, qui a coûté quatre cents francs. Je lui avais promis ce bijou pour ses noces, et ce fut elle-même, la pauvre enfant, qui voulut le sacrifier.

J’étais presque malade d’émotion et de chagrin ; mais, comme il n’y avait pas de temps à perdre, je me disposais à me rendre chez M. Granger quand madame Houspivolon entra. Quel contre-temps ! Les visites de cette femme ne duraient jamais moins de deux heures ; le facteur de la poste aurait quitté la Roche-Néré avant que j’eusse parlé à M. Alfénor, ou du moins que mon envoi pût être prêt.

La renvoyer sous un prétexte, c’était lui livrer mon secret et la réputation de mon fils, ou déchaîner contre nous, grâce à elle, les langues de tout le pays, commentant les plus étranges suppositions. Je jetais à Suzanne un regard désespéré quand je la vis