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Peut-être, en effet, la pauvre enfant risquait-elle la vie dans cette démarche ? Elle me dit :

— Je veux voir Effisio ! je veux le voir avant qu’il ne meure !

— Il n’est point en danger de mort, lui répondis-je ; sa blessure n’a affecté aucun organe essentiel. Il sera peut-être longtemps à se rétablir ; mais sa vie ne court aucun risque, au moins du fait de sa blessure. Ah !… C’est bien vrai ? me demanda-t-elle ; au moins j’aurai ce bonheur qu’il ne ne mourra point !

— Si ce n’est de chagrin peut-être.

Elle s’écria, cacha son visage dans ses mains, et je la vis tout à coup se précipiter à genoux sur les dalles de la première pièce où je l’avais reçue.

— Oh ! Madonna !… Madonna !… Madonna delle Grazie, santa mia Padrona (ma sainte patronne), ayez pitié de nous ! et faites-nous mourir tous deux, puisque nous ne pouvons vivre ensemble !

— Grazia, ma chère enfant, lui dis-je, en la relevant, et en l’emmenant dans une salle du rez-de-chaussée, dont je fermai soigneusement la porte, — bien que la vieille Angela passablement sourde, fût allée sur mon ordre dormir paisiblement, Grazia, si vous ne pouvez épouser Effisio sans le consentement de votre père, au moins, vous pouvez refuser de vous laisser marier à un autre.

La pauvre fille me regarda de ses grands yeux doux, ua peu égarés ; puis les détournant, parut contempler fixement, dans tous ses détails, le parti que je lui offrais ; je la vis bientôt frémir des pieds à la tête.

— Ah ! dit-elle, si vous saviez ?….

— Quoi ! votre père ? Que pourrait-il vous répondre quand vous lui diriez : — Je ne puis pas épouser un homme que je n’aime pas.

— Il ne me répondrait pas ; il me battrait !

— Vous !… vous ! Grazia !

Je la regardais : jolie, vraiment distinguée comme elle était de nature ; son front pen-