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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 3 MAI 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

IV. — (Suite.)

Il voulut en même temps se retirer, car ce malheureux appel ad hominem avait eu pour effet de dissiper tout son attendrissement. Effisio devint livide ; la sueur baignait son front, il chancela et cependant fit un dernier effort :

— Don Antonio ! Tolugheddu ne peut pas rendre votre fille heureuse. Moi seul… car e l’aime tant !… Elle m’aime aussi… Don Antonio, vous n’êtes pas un mauvais père… De Ribas qui tenait encore la main du malade, d’un air compatissant et bon, recula et sa physionomie devint pleine de menace et de colère.

— Elle t’aime, cria-t-il ! Qui a dit cela ? Mensonge !… Si je le savais, je la tuerais ! Ma fille est une honnête fille ; elle n’aime et n’aimera personne que l’époux que son père lui présentera.

Effisio tombait foudroyé. Je me hâtai de lui donner des soins, tandis que de Ribas sortait. En revenant à lui, mon pauvre ami pleura abondamment et il répétait :

— Je l’ai trahie ! Perdue et trahie ! va lui dire que j’en ai menti, répétait-il, va ! Il la